« Le vélo, c'est mon break à moi»



Dans le paysage urbain de Lille, certains visages marquent par leur constance, leur engagement, et leur capacité à transformer une idée simple en action durable. Pierre, fondateur d’El Market, est de ceux-là. À la tête de plusieurs boutiques, il a été l’un des premiers à miser sur le vélo comme outil de travail.









Pour lui, la question ne s’est jamais posée en termes idéologiques, mais en termes d’usage, d’efficacité et de cohérence. Résultat ? Une organisation fluide, une logistique allégée et un regard lucide sur la transformation des centres-villes.

Le vélo n’est pas, chez Pierre, un simple moyen de locomotion. C’est un mode de vie, une manière d’habiter la ville autrement, de créer du lien, d’assurer son activité dans une logique de proximité. Du premier arceau de stationnement à la livraison inter-boutique, en passant par l’implication de ses salariés dans cette dynamique, il a su faire de la bicyclette une composante structurelle de son modèle économique. Rencontre avec un commerçant convaincu, à la parole directe, lucide et inspirante.

Le vélo comme évidence : une pratique quotidienne née de l’usage

« Tous les jours. Même avant que ce soit à la mode. »

Chez Pierre, pas besoin de longs discours : sa pratique du vélo s’impose d’elle-même, de façon naturelle, pragmatique. Cela fait longtemps qu’il roule à vélo, non pas pour suivre une tendance ou pour cocher une case RSE, mais parce que c’est le plus simple, le plus rapide, et le plus agréable pour se déplacer en ville. Dès l’ouverture d’El Market, son commerce éthique et engagé situé en plein cœur de Lille, il intègre cette donnée dans son fonctionnement quotidien.

L’un de ses premiers gestes fondateurs ? Demander l’installation d’arceaux à vélos devant sa boutique. Une décision simple mais structurante, en phase avec sa clientèle locale et de proximité : « C’était logique : ma clientèle est locale, de quartier. En vélo, on se gare plus facilement, on garde le contact. » 

Et cela fonctionne. Le vélo, loin d’être une contrainte, devient un facilitateur de lien, un catalyseur d’échanges et une invitation à ralentir. À contre-courant des logiques d’hyper-accessibilité motorisée, Pierre privilégie la lisibilité de son implantation, la qualité du cadre de vie et la relation de proximité avec ses clients.

Le vélo structure sa mobilité au quotidien. Il lui permet d’alterner les trajets personnels et professionnels avec fluidité, d’éviter les bouchons, les contraintes de stationnement, les imprévus liés à la circulation motorisée. Dans une ville comme Lille, dense, active, mais souvent congestionnée, le choix du vélo apparaît comme un facteur d’agilité et de souplesse. La bicyclette devient alors une évidence plus qu’un choix.

Du COVID aux cargos : comment adapter son activité à la réalité urbaine

La période du COVID agit comme un révélateur. Comme beaucoup de commerçants, Pierre doit adapter son fonctionnement. Il met alors en place un système de livraisons, et réalise rapidement que 10 % de son chiffre d’affaires passe désormais par le web, avec des livraisons à domicile effectuées à vélo. Ce test grandeur nature confirme ce qu’il pressentait : le vélo permet de livrer en ville rapidement, efficacement, et sans générer de nuisances. Il ne s’agit pas seulement d’une alternative : c’est une solution fiable.

Avec la croissance d’El Market – désormais deux boutiques, bientôt trois – le vélo cargo prend toute sa place. Il sert à tout : livraisons entre magasins, courses d’approvisionnement, rendez-vous. « Le vélo, c’est plus rapide que la voiture. Moins de stress, plus de ponctualité. » Là encore, Pierre revient à une forme de bon sens : le vélo, en zone urbaine dense, sur des trajets courts, permet d’optimiser son temps, de maîtriser ses horaires, et de réduire sa fatigue mentale.

Même ses fournisseurs s’y mettent. Ils livrent désormais en vélo cargo eux aussi, preuve que le mouvement dépasse le simple effet d’annonce. Ce qui relevait hier du militantisme devient une logique partagée, portée par l’évolution des usages. Pierre balaie d’un revers de main l’ancienne rengaine de certains commerçants : « no parking, no business ». 

Il y oppose une réalité beaucoup plus sereine : celle d’un centre-ville dynamique, vivant, où l’accessibilité douce devient un atout économique.

Avec le vélo, tout devient plus fluide : les déplacements sont prévisibles, les retards rares, les livraisons efficaces. Et surtout, ils se font sans stress. C’est là une constante dans son discours : plus que les économies financières – pourtant bien réelles – c’est le confort de vie, la maîtrise de son agenda, la sérénité retrouvée qui comptent. Le vélo devient une respiration dans la journée. Un moment de déconnexion, un espace de mouvement qui allège la charge mentale. 

« Le vélo, c’est mon break à moi. »

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Une démarche partagée : salariés, incitations et transformation collective

Si Pierre a intégré le vélo dans sa propre pratique, il n’en reste pas là. Il propose aussi à ses salariés de passer le pas. Concrètement, cela se traduit par la mise en place de l’Indemnité Kilométrique Vélo (IKV remplacée par le Forfait Mobilité Durable), dispositif qui permet de récompenser l’usage du vélo pour les trajets domicile-travail avec une prime non soumise à cotisation sociales. 

L’un des membres de son équipe vient depuis Capinghem à vélo à assistance électrique. Une distance non négligeable, mais rendue accessible grâce à la motorisation, et perçue comme un vrai moment de liberté. Résultat ? Une salariée plus à l’aise, plus autonome, plus ponctuelle et dont les charges ont baissé. 

Pierre y voit une continuité logique dans sa manière de travailler. Favoriser le vélo, c’est permettre à chacun d’adapter son rythme, de gagner en autonomie, de prendre soin de sa santé. C’est aussi valoriser un mode de déplacement cohérent avec l’identité de l’entreprise : éthique, locale, en phase avec les enjeux environnementaux et les attentes sociétales. Il ne s’agit pas d’imposer, mais d’ouvrir le champ des possibles.

Son conseil pour convaincre les plus sceptiques ? Rester concret. Aller au cœur des préoccupations réelles des commerçants. 

« Parlez au portefeuille. Montrez que le vélo, c’est un vrai outil de boulot. » 

L’argument économique est central : pas de carburant, pas de contraventions, pas de frais de stationnement, pas d’entretien complexe. Mais au-delà des chiffres, Pierre insiste sur l’intangibilité du bien-être : moins de stress, moins de conflits, plus de souplesse.

Cette approche, fondée sur le retour d’expérience, la démonstration par l’usage et le bon sens du quotidien, permet d’élargir le cercle. Ce sont les clients qui s’adaptent, les fournisseurs qui emboîtent le pas, les collègues qui s’interrogent. En quelques années, ce qui semblait marginal devient normal. L’image du commerçant à vélo n’est plus un cliché écolo, mais une figure professionnelle moderne, organisée et performante.

FAQ - SI VOUS Hésitez encore à pédaler

Parce que c’est plus rapide, plus simple et moins stressant. En centre-ville, la voiture est un handicap. Le vélo me permet d’être plus efficace et plus ponctuel.

 Je pense que oui. Il y a une vraie attente d’un commerce plus local, plus humain. Le vélo, c’est un peu l’image de proximité qu’on veut donner : simple, direct, accessible.

Ils suivent et participent, notamment grâce à l’indemnité kilométrique vélo. L’une d’elles vient depuis Capinghem en VAE. Elle y a gagné en confort, en autonomie, et c’est un vrai plaisir pour elle.

 Le portefeuille. C’est un vrai outil professionnel. Un vélo bien choisi coûte moins cher à l’usage que n’importe quelle voiture, et il simplifie beaucoup de choses. Mais surtout le vélo fidélise une clientèle locale. 

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