« UN coup de pédale pour tout changer »

Alix, pro de l'immo à vélo








Alix incarne une nouvelle génération d’entrepreneurs urbains pour qui la mobilité douce n’est pas seulement un choix pratique, mais un engagement durable assumé.

Changer de rythme, redonner du sens

Alix n’a pas découvert le vélo par militantisme. Elle y est venue progressivement, avec une logique simple : reprendre la main sur son temps, son énergie, ses déplacements. Huit années chez Decathlon, sur le campus de Villeneuve-d’Ascq, lui ont permis d’observer de près les modes de vie urbains, l’évolution des mobilités et les aspirations de ses collègues. Le déclic est venu pendant le confinement : en testant le vélo pliant électrique pour quelques allers-retours, elle réalise combien cet outil pourrait transformer son quotidien. Elle n’abandonne pas la voiture du jour au lendemain, mais le processus est enclenché. En 2022, elle quitte définitivement Decathlon et vend sa voiture. À la place, elle partage ponctuellement celle d’une amie et effectue l’essentiel de ses 2 000 km annuels à vélo.

Pour Alix, l’objectif est clair : ne pas subir la mobilité, mais la choisir. Ce choix du vélo s’inscrit dans une démarche plus large de cohérence de vie. Aujourd’hui, elle cumule plusieurs casquettes : agente immobilière, formatrice, prestataire pour des structures engagées comme Bazaar St-So ou La Loco, accompagnatrice d’entrepreneurs au sein de Grands Ensembles. Autant de missions qui la mènent aux quatre coins de la métropole lilloise. Son organisation repose sur une planification rigoureuse : visites groupées, déplacements multimodaux, travail téléphonique en itinérance. Le vélo, pour elle, n’est pas un frein mais une manière de mieux maîtriser son agenda et son territoire. Elle adapte ses trajets à son périmètre d’action : moins de 8 km à vélo, au-delà en combinant avec le tram ou le métro. Et pour les déplacements plus rares, elle utilise une voiture en autopartage, bien qu’elle reconnaisse les limites de ce système (gestion des clés, disponibilité, coordination entre amis).

Faire de la mobilité un levier de performance

Alix n’est pas qu’une utilisatrice du vélo : elle en fait un outil professionnel. Dans l’immobilier, elle travaille en binôme avec un autre mandataire motorisé. Elle couvre Lille et ses alentours à vélo, tandis que son collègue se concentre sur les plus grandes distances (au dessus de 8km). Cette répartition fonctionne. Au-delà des performances sportives, c’est l’efficacité du vélo qui impressionne : pas de recherche de stationnement, pas de bouchons, possibilité de planifier des visites dans des zones denses sans perte de temps et capacité à travailler pendant les trajets (notamment en intermodalité vélo x métro ou vélo x tram). 

Ses autres activités lui permettent de diffuser cette culture de la mobilité douce. Dans ses accompagnements, elle aborde le sujet de mutualisation des entretiens - faire venir un atelier mobile pour entretenir sur le lieu de travail plusieurs vélos sur un même créneau sans avoir besoin d'immobiliser son vélo chez le réparateur. 

Elle parle aussi des difficultés à motiver de nouveaux testeurs, malgré les aides existantes. Le coût de l'investissement initial (qui n'est jamais comparé à celui d'une voiture ni même au coût d'usage de la voiture), d’un entretien annuel (environ 400 €), la peur de l’inconfort, le besoin d’une transition en douceur sont autant d’obstacles. Pourtant, elle le rappelle souvent : les gains sont immédiats. Passer d’une voiture à un vélo, c’est supprimer une partie significative de son impact carbone, réduire ses frais de transport (essence, péage, assurance) et retrouver de la souplesse dans son emploi du temps

Un engagement pragmatique et contagieux

Ce qui frappe chez Alix, c’est la façon dont elle incarne un changement sans jamais le moraliser. Pas de leçon, pas de discours culpabilisant : juste une mise en mouvement concrète, lucide, adaptable. Le vélo n’est pas une fin en soi, c’est un levier. Elle reconnaît les limites de la solution : des contraintes organisationnelles, des besoins de coordination, des infrastructures parfois insuffisantes, des prix d’entretien élevés. Mais elle démontre, par l’exemple, qu’une autre logistique du quotidien est possible. Le vélo devient ici un symbole de liberté, mais aussi un outil de travail à part entière.

Pour elle, la transition n’est pas qu’une affaire de CO2 : c’est un choix de qualité de vie. Moins de sédentarité, moins d’agressivité, moins d’espace public accaparé. Elle ne prône pas un modèle unique, mais une réflexion sur les usages. Son expérience personnelle nourrit son discours. Elle met en avant l’importance de la sobriété, de la réversibilité, de l’apprentissage. Elle insiste aussi sur la densité urbaine comme opportunité : à vélo, on gagne du temps là où la voiture en perd. Et elle en appelle à plus de justice dans les politiques publiques : pourquoi le stationnement voiture est-il gratuit quand celui du vélo est payant ? Comment développer des solutions de réparation vélo efficaces et performantes ?

À travers son engagement, Alix contribue à faire émerger une nouvelle génération de professionnels mobiles. Pour les commerçants à vélo, elle trace une voie réaliste et enthousiasmante. Un vélo-cargo, un vélo pliant, un bon antivol et un peu d’organisation peuvent transformer un quotidien professionnel. Encore faut-il oser franchir le pas.

FAQ - la liberté des pros à vélo

Un vélo pliant électrique, pas assez robuste à son goût mais léger, qu’elle combine facilement avec le métro ou le tramway selon ses trajets et qui ne pose pas de difficulté de stationnement.

Alix a vendu sa voiture par pragmatisme. Elle n’en avait plus l’usage quotidien, a préféré partager une voiture entre amis pour les cas exceptionnels, et s’est recentrée sur le vélo pour l’essentiel de ses déplacements.

Gain de temps, économie de carburant, suppression des frais de stationnement, meilleure condition physique, flexibilité des trajets, contact facilité avec les clients.

Plus encombrant, moins facile à manier, pas adapté à l'intermodalité, le vélo-cargo, si il répond à de nombreux besoins ne correspond pas à tous les usages professionnels.

L'usage du vélo au quotidien nécessite un peu d'organisation, l'intégration de l'entretien préventif, le risque de vol, et des habitudes bien ancrées

Oui. Le programme Marguerite propose des tests encadrés, des accompagnements personnalisés, des aides financières et une communauté de professionnels pour échanger et progresser ensemble.

Tester. Ne pas chercher la perfection, mais l’adaptation. Commencer petit, observer ses besoins, ajuster. Le vélo n’est pas une solution miracle, mais c’est une réponse puissante, cohérente et accessible pour repenser son quotidien professionnel.

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