« Si je peux faire sans voiture, je le fais. »

Kevin, commerçant à vélo

Et si l'entrepreneuriat à vélo devenait la norme ? Dans les rues de la métropole lilloise, Kevin bouscule les idées reçues avec son commerce ambulant de produits en vrac, pensé dès le départ pour être opéré à vélo. Pas par militantisme, mais par logique. Rencontre avec un commerçant à vélo qui assume son choix de mobilité douce et de transport électrique sans concession ni extrémisme.

Penser son activité pour le vélo (pour être rentable)

Kevin n'est pas un converti du vélo : il est né entrepreneur-vélo. Avant même de définir les contours de son projet, il savait que la voiture ne ferait pas partie de l'équation. Pour lui, créer un commerce ambulant à vélo était une évidence. « Si t'es en bonne santé, que ton activité ne demande pas de machines lourdes ou d'infrastructure compliquée, pourquoi se compliquer la vie avec une voiture ? »

Son approche tranche avec celle de nombreux commerçants qui envisagent le vélo comme une alternative contraignante, adaptée en dernier recours. Lui a tout pensé autour du vélo-cargo. « Ce n'est pas un acte militant. C'est juste logique. »

Il a envisagé un temps de se lancer comme charpentier à vélo. Mais la logistique pour transporter les matériaux lourds n'était pas cohérente. Finalement, c'est dans le commerce ambulant de produits en vrac qu'il a trouvé un modèle pertinent, robuste, et peu capitalistique. Un tricycle cargo adapté, un espace de présentation et de stockage, une organisation bien rodée... et le tour est joué.

Et si la simplicité, le coût de mise en oeuvre étaient des éléments clés de l'entreprenariat ?

Le vélo-cargo : un outil de travail à part entière

Kevin ne fait pas dans le folklore : son vélo-cargo est un véritable outil de travail. Un tricycle électrique conçu pour transporter à la fois du volume et de la charge, tout en permettant une autonomie suffisante pour effectuer ses tournées dans un rayon de 15 km autour de Lille. Ce n'est pas un véhicule de loisir, ni un faire-valoir marketing : c'est son quotidien.

« Je ne cherche pas à aller vite. Ce que je veux, c'est pouvoir charger et rouler, de manière fiable. » La robustesse est au cœur de ses exigences. Pas question de faire des compromis sur le matériel. Le vélo doit tenir le choc, être réparable facilement, et pouvoir s'adapter à l'évolution de l'activité.

Contrairement aux coursiers "puristes" qui optimisent leur vitesse avec des vélos légers et réactifs, Kevin se situe sur un autre créneau. Il valorise la charge, la stabilité, la fiabilité. Le vélo-cargo est son véhicule utilitaire. Il transporte électrique, mais il transporte utile.

Rationaliser, densifier, simplifier

Son approche du commerce à vélo est aussi un manifeste pour un urbanisme plus rationnel. « On ne pollue pas là où on se trouve. On n'abîme pas la chaussée. On occupe moins d'espace. » C'est une vision sobre, au plus proche des usagers, qui favorise les circuits courts et les liens humains.

Il reconnaît la fragilité du matériel, les dépannages à effectuer, les pièces à changer. Mais dans sa logique, cela fait partie du jeu. Il apprend à bricoler, il s'adapte. Et surtout, il garde la maîtrise. « Le vélo est low tech. C'est plus simple à comprendre, à entretenir, je maîtrise »

Pour lui, « Le vrai levier, c'est la culture. Il faut arrêter de croire que la voiture est une évidence. On peut penser autrement. »

Il ne se dit pas extrémiste pour autant.  « Si je peux faire sans voiture, je le fais. Sinon, j'ai ma Kangoo. »

Se lancer : accompagnement, collectif, culture

C'est au sein d'une coopérative que Kevin a fait ses premiers pas d'entrepreneur. Zéro expérience, zéro certitude. Mais une chose était claire : il voulait un modèle sobre, mobile, local. Et le vélo était là pour structurer sa façon de penser.

L'accompagnement reçu a permis de poser les bases d'une activité cohérente. « On apprend à penser le business dans son ensemble. On comprend qu'on ne peut pas tout faire, qu'il faut cibler, densifier, tester. »

Le vélo est pour lui une porte d'entrée vers plus de liberté, de sobriété, mais aussi de rentabilité.

Un modèle inspirant pour les pros

Pour les commerçants qui cherchent à se lancer ou à se transformer, l'exemple de Kevin est une invitation à penser différemment. Le vélo-cargo n'est pas une solution marginale : c'est un vrai outil de travail, qui permet de gagner en visibilité, en proximité client, en confort logistique.

Plus besoin de chercher une place, de se battre avec les bouchons ou les restrictions de circulation. Le vélo passe partout, se gare facilement, et permet de repenser ses tournées à l'échelle du quartier ou de l'agglomération.

L'accompagnement du programme Marguerite, porté par la CCI, permet justement de tester, d'expérimenter, d'être accompagné dans le choix du modèle de vélo, des accessoires, des modes de transport électrique ou non. C'est un coup de pouce essentiel pour les pros qui veulent tester sans s'engager, et découvrir de nouvelles façons de livrer, vendre, se déplacer. Avec à la clé une subvention allant jusqu'à 1000€. 

FAQ - lancer un business à vélo

Oui au départ. Mais beaucoup moins qu'une voiture ou qu'un loyer, et vite rentabilisé. C'est un investissement à penser intelligemment.

Oui, le vélo est low tech. Il faut apprendre, être curieux. Et on mutualise les outils, les conseils. Et comme ça, pour son activité, on ne dépend de personne. Plus facile, plus agile, plus robuste !

Crée un projet pensé pour le vélo. Et fais-toi accompagner, c'est la clé, y compris financièrement.

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