Et si le parking devenait une ressource ?

L'optimisation du parking, à l'heure d'un foncier tendu devient une opportunité économique et RH.







La gestion du stationnement est un enjeu crucial et méconnu pour les employeurs. Sur la base du contexte historique du stationnement, cet article examine les impacts du stationnement et plaide en faveur d'une politique de mobilité stratégique pour répondre aux besoins contemporains du lieu de travail.

L'Histoire du Stationnement : De l'Évolution à l'Immobilisme Actuel

L'histoire du stationnement remonte à des décennies, évoluant en parallèle avec l'essor de la mobilité automobile.

La première réglementation officielle concernant l'autorisation des véhicules sur la voie publique en France remonte à la loi du 30 mai 1851 sur la police de roulage et des messageries, complétée par le décret du 10 août 1852.

Cette législation avait pour objectif de prévenir la dégradation des chaussées, dont la responsabilité d'entretien incombe dorénavant aux finances publiques. L'article 10 de la loi interdit ainsi, « de laisser stationner sans nécessité sur la voie publique une voiture attelée », disposition reprise par le décret du 27 mai 1921 qui élargit cette interdiction à tout véhicule, incluant explicitement l'automobile.

Cependant, la véritable révolution dans le domaine du stationnement en France est marquée par le décret du 21 août 1928, qui substitue à la notion de nécessité celle de motif légitime de stationnement. Ce décret autorise également le stationnement payant à condition que la desserte des riverains soit préservée.

Après la Seconde Guerre mondiale, le parc automobile en France connaît une croissance fulgurante, dépassant toutes les attentes. Cela pose un défi majeur en matière de stationnement urbain, conduisant à l'adoption du décret 60 226 du 29 février 1960, qui régule la durée du stationnement. Ce décret légalise explicitement l'arrêt des véhicules et officialise le stationnement payant pour organiser la rotation des véhicules et partager l'espace public. La "zone bleue" fait alors son apparition en même temps que la politique urbaine en faveur de l'automobile des trentes glorieuses avec notamment le plan autoroutier pour Paris

C'est à ce moment que la « Zone Bleue » fait son apparition. Par la suite, le « Parcmètre » arrive en France, suivi, au début des années 70, par l'horodateur, déjà adopté par les Anglais, s'installant ainsi sur les Champs-Élysées et génère des revenus au profit des collectivités.

Le stationnement dû

Un usage de l'espace public inéquitable

Les chiffres actuels révèlent une réalité frappante : les véhicules restent immobiles 96% du temps, générant un sous-utilisation massive des espaces de stationnement. 
A Paris, 50% l'espace public est dédié à la voiture qui ne représente que 13% des déplacements. 

Stéphane Schultz, dans sa (très bonne) newsletter 15 marches, propose la réflexion suivante :

"Imaginez que l’on octroie gratuitement 50m2 de terrain équipé à n’importe quel couple, sans se demander s’il en a besoin, s’il a déjà une propriété ou s’il aurait les moyens de se le payer. Multipliez ce don par 2, 3 ou 4 car c’est bien le nombre de places que ce couple sera en droit d’attendre de la ville pour utiliser son véhicule : une place au centre-ville, une autre au supermarché, devant l’école, devant la salle de sport... On évalue entre 3 et 7 le nombre de places de stationnement par véhicule. Plus de 20 dans certaines villes américaines.

La plupart des conducteurs que vous croiserez à un moment donné ont grandi dans l'idée de la gratuité [et de la bétonnisation]. Débourser de l'argent pour stationner est déjà perçu comme un échec. Éviter de payer devient un jeu. C'est un principe fondamental : malgré sa taille et son utilité limitée (il n'est utilisé qu'une heure par jour au maximum), votre véhicule a LE DROIT à une place, où qu'il se rende.

Un avantage en nature qui n'en est pas un

Aujourd'hui, en centre ville de Lille, une place de stationnement en location coûte 130€ HT / mois à un employeur ou en construction environ 15k€ / place. Ce montant, habituellement pris en charge gracieusement, n'est soumis à aucune cotisation sociale. C'est une économie pour le collaborateur automobiliste  particulièrement inégalitaire. Les collaborateurs qui ne viennent pas en voiture et peuvent profiter (quand l'entreprise a choisi de le mettre place) du forfait mobilité durable ne sont dédommagés "qu'à hauteur" de 58€ / mois pour un FMD maximal de 700€/an.

Dans certaines structures de métropoles denses, les employés utilisent également le parking de l'entreprise pour stationner un véhicule personnel le soir et le week-end.

Une évolution du parking employeur en marche

Accompagner la mutation des mobilités passe aussi par une gestion du stationnement durable. Que ce soit lors d'un déménagement, d'une croissance, la mise en place d'une politique carbone, le stationnement devient un enjeu social qui peut être clivant. 

Co-construire un plan de mobilité, innover, responsabiliser, nudger sont autant de solutions qui peuvent permettre d'accompagner les collaborateurs et d'apaiser le dialogue social. 

La construction d'un plan de mobilité

Sur la base d'un diagnostic d'accessibilité, un plan de mobilité permet de comprendre les usages, les freins et les opportunités de mobilité (durable) d'un employeur. Cela implique une évaluation précise des besoins de mobilité des employés, en tenant compte des modes de transport alternatifs. Un tel diagnostic fournit une base solide pour élaborer des solutions sur mesure.

Une enquête auprès des collaborateurs  permet de recueillir des informations directes sur les préférences en matière de transport, les défis rencontrés et les suggestions d'amélioration. L'implication des employés dans le processus renforce leur adhésion aux changements à venir.

La co-construction d'un plan d'actions représente l'étape finale, mais cruciale, pour mettre en œuvre une politique de mobilité durable. Impliquer les parties prenantes internes et externes dans le processus garantit une approche holistique. 

Exemples d'innovations

A Seattle, la fondation Gates fait  payer le parking au cout du stationnement de proximité.

A Dunkerque, l'installation des gigafactories (20.000 collaborateurs attendus sur site) se fera sans parking. 

Vous avez des problématiques de stationnement ?

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